Cela fait plusieurs années que les experts et observateurs ne cessent de mettre en avant le potentiel de la Tunisie dans la production d’énergies renouvelables et notamment solaire. Si l’énergie éolienne n’est pas aussi active, notre pays jouit d’un atout hors pair, son soleil. Avec plus de 300 jours ensoleillés par an, la Tunisie dispose d’une grande capacité de production d’énergie solaire et par conséquent de l’hydrogène vert, ce que certains appellent le pétrole de demain.
La loi de finances pour l’exercice 2024 accorde d’importants avantages pour la promotion des énergies renouvelables. En effet, de l’incitation à l’utilisation, au financement des projets de l’économie verte, en passant par le développement durable, ces avantages marquent les grandes orientations de l’Etat.
Ainsi, pour les entreprises, il est désormais possible de bénéficier, entre autres mesures, d’un amortissement supplémentaire de 30% dès la première année, sur les équipements et le matériel relatifs à la production d’énergies renouvelables.
Pour l’utilisation des voitures et cyclomoteurs électriques, une réduction de 50% du droit pour la première immatriculation a été également octroyée. Si ces mesures traduisent en effet la volonté de l’Etat, mais aussi ses stratégies de promotion des énergies renouvelables, la filière solaire est toujours confrontée à d’innombrables entraves, la bureaucratie et les procédures complexes en premier lieu.
Cela fait plusieurs années que les experts et observateurs ne cessent de mettre en avant le potentiel de la Tunisie dans la production d’énergies renouvelables et notamment solaire. Si l’énergie éolienne n’est pas aussi active, notre pays jouit d’un atout hors pair, son soleil. Avec plus de 300 jours ensoleillés par an, la Tunisie dispose d’une grande capacité de production d’énergie solaire et par conséquent de l’hydrogène vert, ce que certains appellent le pétrole de demain.
Tripler la capacité de production des énergies renouvelables
C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’au niveau de la coopération internationale, tous les regards se tournent vers la Tunisie. L’Allemagne et l’Italie sont en pole position pour promouvoir cette coopération énergétique bilatérale avec la Tunisie. Pour l’instant, notre pays accuse un retard considérable dans la promotion de ses propres ressources et infrastructures. Et pour cause, une législation souvent inadéquate et des entraves bureaucratiques.
Pourtant, la Tunisie et 7 autres pays arabes se sont engagés récemment aux côtés d’autres pays du monde pour tripler la capacité de production d’énergies renouvelables dans le monde, à 11.000 gigawatts, d’ici à 2030 et ce, dans le cadre des négociations dans le cadre de la 28e Conférence des Parties sur le climat de l’ONU (COP 28), tenue du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Emirats arabes unis.
Un ambitieux défi qui demeure confronté à une réalité. Il faut rappeler que la Tunisie s’est fixé un objectif depuis plusieurs années : un taux de production d’électricité en énergie renouvelable de 30% à l’horizon 2030. Cependant, selon les derniers chiffres, le taux de production d’électricité issue des énergies alternatives et renouvelables ne dépasse pas, actuellement, les 2,3%. Le retard du lancement des projets de stations solaires, mais aussi du raccordement des stations déjà prêtes en est la première cause.
Est-il normal qu’un établissement public entrave des projets d’Etat ?
L’expert en énergies Ghazi Ben Jemaa confirme l’existence de nombreux obstacles entravant la réalisation de plusieurs projets d’énergies renouvelables, pointant du doigt les lourdeurs bureaucratiques et les retards et dépassements des délais administratifs.
«Les autorités ont déjà réussi à réaliser la moitié des projets programmés de 2018 à 2021, mais le principal problème réside dans les retards de la mise en œuvre des nouveaux projets. Le grand souci reste les longues et complexes procédures de changement de la vocation des terrains agricoles», a-t-il expliqué à La Presse. Et de noter que de nombreux problèmes fonciers impactent la réalisation de ces projets, outre les questions des autorisations du ministère de la Défense dans certaines zones difficiles à obtenir pour des motifs sécuritaires.
Et de signaler également des problèmes liés à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg) qui veut monopoliser le secteur des énergies renouvelables, étant donné qu’elle dispose de l’ensemble du réseau électrique en Tunisie. «Est-il normal qu’un établissement public entrave des projets d’Etat ?», s’est-il demandé, faisant savoir que les autorités œuvrent actuellement pour pallier ces problèmes.
Un problème de raccordement
Alors que pour certains pays, le créneau des énergies renouvelables s’impose comme un véritable enjeu, la Tunisie est toujours à la traîne, même si elle compte de grands atouts naturels. Le domaine des énergies renouvelables, ce grand dossier dont la promotion et le développement s’annoncent nécessaires pour la Tunisie, qui souffre de plus de 50% de déficit énergétique, peine à s’imposer comme pilier de la transition énergétique. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce sont toujours les obstacles relatifs aux cadres légaux et aux procédures administratives qui freinent le développement de ce secteur.
D’ailleurs, plusieurs centrales solaires n’ont pas été encore raccordées au réseau de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg).
Cette dernière s’oppose — et le fait savoir — aux dispositions de certaines lois qui promeuvent la production d’électricité par voie des énergies renouvelables.
En résumé, la Steg s’oppose au transport d’énergie électrique sur son réseau, sans aucune marge de bénéfice. Sauf qu’un coût supplémentaire de la conduite de ces énergies limitera considérablement la rentabilité des investissements dans les stations solaires.
Des opportunités à saisir
Si certains projets sont toujours bloqués en Tunisie, notre pays semble au cœur des défis énergétiques reliant l’Afrique à l’Europe. D’ailleurs, le Président de la République, Kaïs Saïed était en Italie pour participer au Sommet Italie – Afrique. Une conférence à laquelle ont pris part les plus hauts dirigeants de l’Union européenne, des chefs d’État et des Premiers ministres africains.
Il s’agira pour l’Italie de promouvoir un nouveau partenariat avec l’Afrique fondé, justement, sur les énergies renouvelables ainsi que sur les questions migratoires.
Rappelons dans ce sens que les travaux du projet d’interconnexion électrique sous-marine utilisant l’énergie solaire entre la Tunisie et l’Europe vont bientôt démarrer. En effet, le projet Elmed permettra à la Tunisie et à l’Italie de jouer un rôle stratégique pour l’électricité dans la zone euroméditerranéenne.
L’interconnexion devra relier les réseaux de transmission de l’Europe et de l’Afrique du Nord pour un avenir énergétique de plus en plus sûr, durable et renouvelable. Cependant, les autorités sont appelées à mieux gouverner ce secteur pour que la Tunisie devienne le nouvel eldorado des énergies renouvelables.